Des chercheurs tchadiens se mobilisent pour la Grande Muraille verte

Depuis 2021, l’Institut Balanitès a fait des « Sciences de la Grande Muraille verte » son cœur de mission. Les enjeux sont énormes et les thématiques scientifiques essentielles pour avancer. Dans sa stratégie de déploiement, l’Institut Balanitès a lancé en septembre 2024 un appel à contributions sur les sols, l’eau et la séquestration carbone. C’est Makaye Taïsso (notre photo), éminent paléontologue et universitaire chevronné, qui a pris le problème à bras-le-corps. Sa contribution autour d’un collectif de chercheurs tchadiens vient d’être déposée. C’est une première !

Makaye Taïsso, pourquoi avoir répondu à l’appel de l’Institut Balanitès ?

« Depuis longtemps la question du Sahara, bien sûr du Sahel, nous préoccupe au Tchad. Nous sommes les premiers concernés par l’avancée du désert. Cet appel de l’Institut Balanitès arrive à un moment où notre pays s’organise en matière de recherche sur les sols, l’eau, l’hydrogéologie… J’ai sollicité des collègues et leur réponse m’amène à proposer une équipe pluridisciplinaire pour réfléchir en commun à un programme coordonné en la matière et dont les avancées seraient partagées avec l’ensemble des acteurs de la Grande Muraille verte (GMV) sur le parcours qui réunit 11 pays. C’est une réponse collective et c’est une première ! »

Quels sont les axes principaux de votre contribution ?

« Il est toujours difficile de résumer un projet scientifique, mais il va s’articuler sur quelques mots clés.
Il faut avant tout renforcer la recherche appliquée et la modélisation, sans modèles prédictifs innovants pour l’analyse des ressources hydriques et la dynamique des écosystèmes du contexte semi-aride du Sahel, le processus ne serait pas pertinent. Réaliser la caractérisation pédologique, géochimique et agroécologique des sols sur l’ensemble du tracé de la Grande Muraille verte est à renforcer. Il s’agit là d’optimiser la gestion intégrée des ressources en eau à travers une approche hydraulique.
C’est une démarche méthodologique multidisciplinaire dont nous avons besoin. Suivant une réflexion axée sur des thématiques variées, nous envisageons ainsi d’exploiter, pour commencer, notre laboratoire de l’Université de N’Djamena dédié aux analyses des sols, des eaux et des sédiments pour fournir des données scientifiques fiables et y intégrer des approches modernes en énergies renouvelables (solaires et éoliennes) pour une gestion énergétique respectueuse de l’environnement
. »

« Nous profiterons de la dynamique de ce programme pour valoriser notre cycle de Master en Géosciences et Environnements. »

L’Institut Balanites, à juste titre, pousse à promouvoir la recherche africaine, suivant en cela ce que Michel Brunet a initié au Tchad avec l’école de Paléontologie. Nous profiterons de la dynamique de ce programme pour valoriser notre cycle de Master en Géosciences et Environnements (Master GéoRes), qui forme annuellement une trentaine d’étudiants, en leur offrant un terrain d’application concret dans le cadre de la Grande Muraille verte et finaliser la création du Master en Géosciences de l’Université Polytechnique de Mongo.
Enfin ce projet de coopération est une chance pour consolider notre École Doctorale (Géosciences et Environnement), première au Tchad dans ce domaine, qui a déjà produit les premiers docteurs spécialisés en géosciences, afin de pérenniser une main-d’œuvre locale qualifiée. 
»

Comment envisagez-vous la mise en œuvre de ce programme aux ramifications importantes ?

« En vue de réaliser, avec efficacité, les travaux de terrain, il semble nécessaire de faire acquérir un laboratoire mobile d’analyse des eaux et des sols qui sera dénommé laboratoire mobile HydroSol. Cet équipement constituera une plateforme de recherche par excellence en fédérant l’ensemble des travaux de recherches thématiques effectués par l’équipe de recherche tchadienne et ses partenaires.
J’insiste sur ce dernier point : rien dans le futur ne réussira sans coopération et sans partenariats inscrits dans le temps.
 »

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