One Health, une santé, des ambitions

On le sait désormais, la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes environnementaux sont étroitement liées et interdépendantes. De là est né le concept One Health. Le Pr Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du conseil stratégique de l’Institut Balanitès a été l’un des premiers à le mettre en œuvre pour suivre l’émergence en 2022 du virus de la fièvre du Nil occidental en Nouvelle-Aquitaine. Une exposition est visible à l’Espace Mendès-France à Poitiers jusqu’au 3 mars.

« Pensons global, agissons sur le territoire. » C’est le credo du Pr Denis Malvy. Partant de ce principe, le chef du service d’infectiologie du CHU de Bordeaux a été l’un des premiers à expérimenter le concept One Health (santé globale) en Nouvelle-Aquitaine. Pour comprendre de quoi il s’agit, retour en juillet 2022. Le premier cas de fièvre du Nil occidental est détecté chez le cheval dans la région. En NA, des moustiques l’ont transmis à partir d’oiseaux migrateurs à des oiseaux sauvages locaux, comme des merles, qui ont constitué un réservoir local au fil des années. 

Un virus suivi à la trace

Les mégafeux de Gironde de l’été 2022 ont quelque peu changé la donne. « Nous avons émis l’hypothèse que ce sinistre allait faire fuir vers le nord les merles et les autres oiseaux locaux portant le virus, se souvient le Pr Malvy. Dès octobre, trois cas de West Nile sont détectés dans des haras de Charente et Charente-Maritime. « A partir de là, nous nous sommes réunis en taskforce entre médecins, vétérinaires et écologues pour évaluer ce signal que d’aucun pourrait considérer ‘faible’. Nous avons mis en place un groupe de recherche opérationnelle de terrain regroupant professionnels de la santé humaine, animale et environnementale visant les chevaux et les moustiques, plus faciles d’accès dans un premier temps que les oiseaux. »

Patients immunodéprimés en danger

En 2022, ce virus avait provoqué un millier de décès en Italie et dans les pays d’Europe voisine. Le risque n’était pas neutre. Souvent asymptomatique, cette maladie est surtout dangereuse pour les personnes immunodéprimées. Problème, difficile de savoir quand un patient est contaminé. Et la protection individuelle est un challenge. Il faut notamment s’assurer que les lots de sang destinés à la transfusion en sont indemnes… « Durant l’hiver 2023, la période peaceful, nous avons donc mené une campagne d’information multisectorielle auprès des médecins généralistes, des urgentistes, des cancérologues, les hématologues mais aussi des maires des communes ciblées, d’associations de malades… » Une zone géographique de circulation du virus a été identifiée. Après les premiers retours d’expérience effectués auprès de l’Agence régionale de santé (ARS), une politique de détection et de prévention a été mise en place.

AN-TI-CI-PER

Historiquement, la médecine s’est toujours appuyée sur le triptyque : pathogène, infection, maladie. Désormais la démarche One Health implique de considérer d’autres facteurs comme l’écologie de la fauve sauvage, la dynamique des populations, la biologie évolutive des maladies, mais aussi le comportement des humains, la sociologie, les sciences politiques et économiques, l’usage des terres agricoles… Tout cela dans un seul but : prévoir l’émergence de zoonoses, ces maladies humaines d’origine animale, comme le Covid-19. Cette approche interdisciplinaire reconnaît que la santé des personnes, des animaux et des plantes sont étroitement liées et interdépendantes. De quoi inspirer toutes les politiques publiques. D’autant que l’Homme est dans la plupart des cas à l’origine des problèmes. Notamment, par nos choix de développement économique et nos modes de consommation. Savez-vous que 75% des espèces végétales cultivées par l’Homme ont besoin d’être pollinisées par des insectes ? Autant dire que la préservation de la biodiversité et la lutte contre le dérèglement climatique participent également d’une stratégie One Health.

Vous souhaitez en savoir plus sur le concept One Health ? Jusqu’au 3 mars, l’Espace Mendès-France à Poitiers accueille l’exposition One Health, une santé, des ambitions. A travers des exemples concrets (le paludisme, la vaccination, le choléra, l’antibiorésistance…), elle explore les interactions entre les êtres vivants et leurs milieux ainsi que les origines des zoonoses. Ces dix panneaux explicatifs enrichis de schémas éclairants ont été réalisés par l’Institut Balanitès. Notez que le Pr Denis Malvy venu parler de One Health le 13 février à l’Espace Mendès-France à Poitiers. La vidéo de cette conférence sera bientôt en ligne sur la chaine Youtube de l’EMF.

Comment se transmet le virus du Nil occidental ?

En 2022, le premier cas de fièvre du Nil occidental est détecté chez le cheval dans la région. Le virus du Nil occidental est transmis par des Culex, les moustiques communs. Les réservoirs et hôtes amplificateurs sont des oiseaux sauvages. L’homme et le cheval peuvent être atteints. A côté de la transmission vectorielle, il peut être transmis pas transfusion sanguine ou lors de greffes. Il est détecté en Ouganda en 1937. Cette arbovirose est en expansion. On la retrouve sur tous les continents, sauf l’antarctique, et surtout en Europe centrale et du sud, l’arc méditerranéen, la Russie et depuis 1999 les Etats Unis et le continent Nord-Américain. En NA, des moustiques l’ont transmis à partir d’oiseaux migrateurs à des oiseaux sauvages locaux, comme des merles, qui ont constitué un réservoir local au fil des années. Ces mêmes moustiques ont fini par piquer des chevaux et des humains. Tel a été le cas l’année suivante lors de la saison estivale 2023. Une fois le cas révélé, l’activité d’un foyer épidémique actif s’exprime sur un rythme annuel saisonnier. Les acteurs de la santé se préparent donc à l’été 2024…

Romain Mudrak

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