Dès les premières plantations en 2007, les essences d’arbres qui composent la Grande Muraille verte ont été sélectionnées en étroite collaboration avec les populations locales. Leurs capacités de résistance à la sécheresse ont ensuite été évaluées par des chercheurs partenaires.
Le Balanitès. C’est l’arbre emblématique de la Grande Muraille verte. S’il a été choisi pour accompagner le reboisement du Sahel, ce n’est pas par hasard. « Nous avons demandé aux populations locales concernées au Sénégal quelles essences elles préféraient en nous précisant les raisons », se souvient Aliou Guissé, professeur en écologie végétale à l’université Cheikh Anta-Diop de Dakar. Avec son équipe, il s’est appuyé sur les savoirs et les traditions ancestrales des familles sur le terrain pour opérer une première sélection. « Les gens nous ont parlé des qualités alimentaires, médicinales ou encore cosmétiques de ces essences pour lesquelles il y a de la demande localement », reprend le chercheur.
Entre 100 et 400mm d’eau par an
Encore fallait-il que ces arbres aux mille vertus résistent aux périodes de sécheresse remarquables rencontrées sous ces latitudes. « Le Ferlo est une zone de transition entre la partie tropicale au sud et le désert au nord, poursuit Aliou Guissé. Les précipitations varient en moyenne entre 100 et 400 mm par an. Dans cet espace extrêmement fragile, très peu d’espèces végétales peuvent survivre. C’est pourquoi nous avons rapidement évalué les capacités adaptatives des essences dans nos laboratoires pour n’en retenir que sept. »
Dans cette liste restreinte de végétaux robustes, l’acacias sénégal est apparu comme une évidence. Il fournit la gomme arabique dont les bienfaits sont nombreux. Riche en fibres, elle est utilisée notamment par l’industrie alimentaire. Et le fameux balanitès n’a rien à lui envier. « Il produit deux fois par an des sortes de dattes dont on tire de l’huile qui contient pas moins de huit acides aminés essentiels à l’être humain », souligne le Pr Guissé. C’est presqu’aussi bien que l’huile d’olives ! On trouve également du tocophérol et des phytostérols efficaces contre la chute des cheveux et le vieillissement de la peau.
Le soutien de la science
Toutes ces essences apportent déjà de grands services aux populations locales à travers leurs bienfaits, et génèrent des échanges, du commerce et finalement du développement économique au profit du territoire. Les chercheurs associés à la Grande Muraille verte proposent en permanence des techniques afin d’améliorer le taux de réussite des plantations. La pluie solide, cette gelée déposée autour des racines des plants, en est un exemple. Par ailleurs, les scientifiques évaluent régulièrement les quantités de carbone séquestrées par tous ces arbres. Il n’y pas de petits profits…
Romain Mudrak