Trois universités d’été, plusieurs dizaines de chercheurs français et africains mobilisés, des centaines de kilomètres de forêt replantés et des milliers de bénéficiaires du développement économique local… La Grande Muraille verte est clairement en ordre de marche. Désormais l’Institut Balanitès lance une nouvelle phase de dialogue avec une série de six rendez-vous scientifiques autour de projets concrets dans la perspective de la Cop30 au Brésil.
L’université d’été de la Grande Muraille Verte a pris une autre dimension cette année. Pour la première fois, Abakar Zougoulou, délégué général de l’agence panafricaine de la GMV, s’est déplacé à La Rochelle pour assister à cette rencontre scientifique co-organisée par l’Observatoire Homme-Milieux Tessekéré (unité du CNRS) et l’institut Balanitès. L’occasion de rappeler les fondements de ce projet pharaonique lancé en 2008 par les États africains du Sahel pour lutter contre le dérèglement climatique et ralentir la désertification. Plusieurs dizaines de chercheurs français et africains se sont mobilisés (notre photo). Dans le fauteuil des invités de marque présents à La Rochelle, Sacha Houlié, député et président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale, a également tenu à réaffirmer son soutien à cette « relation nouvelle entre des pays occidentaux et l’Afrique basée sur l’égalité ».
« Développer les relations scientifiques »
Aujourd’hui, dans chacun des onze pays figurant sur le tracé de la GMV, des activités d’agropastoralisme et de maraîchage se sont développées, permettant aux populations locales de rester sur leur territoire. Mais de nombreuses contraintes (faibles précipitations, conflits internes…) obligent les chercheurs africains et français impliqués à accélérer la cadence pour conforter l’existant et lancer de nouvelles initiatives. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’Institut Balanitès dont la vocation est de « promouvoir la GMV, développer les relations scientifiques et ainsi répondre aux problématiques de cet écosystème original », précise son président Gilles Boëtsch, anthropologue et directeur de recherche émérite au CNRS.
Six journées d’études sont programmées en 2024. Toutes aborderont des thématiques phares de la GMV, du numérique à la biodiversité en passant par l’habitat, l’alimentation, la santé et la place des jeunes.
« Réussir la diffusion et la démultiplication des informations collectées sur le terrain, c’est essentiel, explique Didier Moreau, délégué général de l’Institut Balanitès. On doit faire de la culture scientifique sur tout ce qui environne la Grande Muraille verte. »
Autre temps fort, la création d’un espace d’observation et d’expérimentation privilégié sur le tracé de la GMV. Baptisée « parcelle 20 », elle a vocation à montrer au grand public et aux gouvernants les avancées concrètes engendrées par la Grande Muraille verte.
Objectif : Cop30 au Brésil
D’ici le mois de mars, nous publierons une série d’articles présentant à la fois le travail mené sur le terrain, « aux racines » de la Grande Muraille, mais aussi toute la philosophie qui préside à la destinée de ce mouvement, « à la cime » du projet. Des intellectuels comme la paléoanthropologue Michel Brunet, père scientifique de Toumaï, ou le sociologue Edgar Morin donneront leur vision de cette dynamique.
Tout est prêt. La stratégie de promotion scientifique de l’Institut Balanitès s’inscrit dans la perspective de la Cop30 organisée en 2025, au Brésil. Dans cet événement dédié aux forêts du monde, la Grande Muraille verte aura une place de choix.
Le numérique au service de la Grande Muraille verte
Drones, capteurs, intelligence artificielle… De la collecte à l’analyse des données, les outils numériques vont accompagner la recherche sur la Grande Muraille verte au cours des prochaines années. Des laboratoires français et africains se mettent en ordre de marche sous l’impulsion de l’Institut Balanitès. De quoi renforcer les capacités d’observation scientifique et rendre compte de l’avancée du reboisement. Cette thématique sera au cœur de la première journée d’études organisée le 1er février 2024 à l’Isae-Ensma, l’école d’ingénieurs de la Technopole du Futuroscope, spécialisée dans les transports, le spatial et l’énergie, qui aura un rôle central dans la future « académie du numérique » qui se profile à l’horizon. Seront notamment au rendez-vous des chercheurs de l’international research laboratory Environnement/santé/sociétés et du laboratoire d’analyse d’images Xlim.
Romain Mudrak