Un lieu de recherche, d’innovation et de valorisation dédié la Grande Muraille verte… C’est la vocation des 60 hectares de terre sélectionnés par nos scientifiques dans la région du Ferlo au Sénégal. Cet espace protégé doit aussi permettre de communiquer sur l’avancée du processus auprès du grand public. Nom de code : « Parcelle 60 ».
Sur le long tracé de la Grande Muraille verte qui traverse l’Afrique d’est en ouest sous le Sahara, une zone très particulière est désormais entourée en rouge sur la carte. Elle apparaît minuscule mais son rôle sera majeur pour l’avenir du projet. L’équipe de l’Observatoire Hommes-Milieux Tessékéré a délimité une surface totale de 60 hectares répartis sur plusieurs terrains dans la région du Ferlo au Sénégal. Sa vocation ? « Être un espace d’expérimentations, de relevés de données pour la recherche mais aussi d’applications pratiques », précise Gilles Boëtsch, anthropologue, chercheur émérite au CNRS et président de l’Institut Balanitès.
Explorer et rendre des comptes
Plusieurs thèmes de recherche essentiels au fonctionnement de la Grande Muraille verte seront mis en chantier sur cette parcelle, à commencer par le cycle de l’eau et l’effet de l’évapotranspiration des arbres sur l’environnement. Indispensable dans cette zone du Sahel où le total des précipitations ne dépasse pas 300 à 500mm par an. Les scientifiques vont aussi renforcer leurs connaissances sur la croissance des essences locales de végétaux et leurs interférences avec la faune autochtone. Apiculture, maraîchage, filtration de l’eau, utilisation des outils numériques, ou encore l’étude des propriétés alimentaires, médicinales et cosmétiques des ressources végétales… De nombreux domaines vont faire l’objet d’études de la part des chercheurs et doctorants travaillant avec l’Observatoire. Tout cela au bénéfice à terme des populations locales situées sur le tracé de la GMV dans l’ensemble des onze pays concernés entre le Sénégal et Djibouti. « Les villageois seront associés dans un processus de recherche participative », poursuit Gilles Boëtsch. Et s’il était possible de recréer de véritables filières à partir de situations locales diverses pour la gomme arabique ou l’huile de balanitès ? Un premier pas en termes de valorisation.
« Nous devons rendre des comptes à celles et ceux, particuliers et entreprises, qui soutiennent la Grande Muraille verte »
Gilles Boëtsch
Cette zone baptisée « Parcelle 60 » a aussi vocation à communiquer auprès du grand public sur les avancées scientifiques de la Grande Muraille verte. Autrement dit, montrer comment ce projet pharaonique contribue à restaurer l’écosystème sahélien et à soutenir le développement économique des populations locales. Ce sera le rôle principal de l’Institut Balanitès qui vient de lancer une campagne de dons (ouverts à réductions d’impôts) afin d’équiper cette parcelle en matériels d’expérimentations et de financer les recherches de jeunes scientifiques africains. En contrepartie, chaque donateur recevra un rapport précis et régulier sur l’évolution de la situation de la parcelle. « Nous devons rendre des comptes à celles et ceux, particuliers et entreprises, qui soutiennent la Grande Muraille verte », conclut Gilles Boëtsch.
légende photo : Paysage du Ferlo, au Sénégal, en 2018.
Romain Mudrak